17 octobre 2008

Comment réagir face à la pénurie de bois de chauffage? Deux possibilités s’offrent aux consommateurs : le bois séché au four et les bûches synthétiques de résidus agglomérés de bois franc.

La première option, selon Sylvain Naud de Bois de chauffage Éconaud, convient au poêle à haut rendement. Séché à haute température pendant 48 heures, ce bois conserve un taux d’humidité entre 12 et 15 % (comparativement au bois séché à l’air libre dont le taux d’humidité s’élève à plus ou moins 30 %). Empaqueté dans des sacs de .75 pi.3, il présente l’avantage d’un entreposage qui ne salit pas en plus d’être exempt d’insectes. Par contre, ce bois coûte généralement le double d’une corde conventionnelle.

En ce qui a trait aux bûches synthétiques, plusieurs marques sont en vente dans les quincailleries et certaines bannières de supermarchés. M. Naud et Stéphane Doyon du Centre Jardin Doyon s’entendent toutefois sur l’aspect plus onéreux si l’on prévoit chauffer uniquement à l’aide de ces bûches qui conviennent davantage à un chauffage d’appoint ou mixte (en les mélangeant à du bois franc). Méfiez-vous des comparaisons boiteuses, prévient Ghyslain Bélanger, directeur général de l’Association des professionnels du chauffage (APC) : «La comparaison entre deux matériaux s’établit à densité et à taux d’humidité égaux. Ce qui s’avère très difficile à obtenir.»

De quel bois je me chauffe?

M. Bélanger suggère quelques trucs pour distinguer du bois sec prêt à être brûlé et du bois vert. Le bois sec est plus léger que le vert, gorgé d’humidité, et présente des bouts ambrés et fendillés. Si l’on frappe deux bûches de bois sec l’une contre l’autre, le son sera creux, contrairement au bois vert. Une fois fendu, le bois doit être cordé de sorte à être soulevé au-dessus du sol et remisé à l’air libre. À l’extérieur, on le protège contre les intempéries avec une bâche.

Contrairement à l’idée reçue, le bois n’est pas plus «propre» que les bûches synthétiques. Faites de résidus agglomérés de bois (avec de la paraffine, de la colle ou la lignine naturelle du bois selon la bûche), ces bûches émettent peu de fumée et produisent moins de créosote à cause de leur faible taux d’humidité. (Source : CAA Québec)

Deux types de bûches synthétiques sont en vente sur le marché. D’abord, il y a la bûche faite de sciure agglomérée avec de la paraffine (Northland) ou de la cire (Java-Log). Ces bûches dégagent une chaleur intense (deux fois plus que du bois sec selon une enquête menée par le magazine Protégez-Vous en 2006). Utilisez-les seulement dans un foyer ouvert. Deuxièmement, on trouve la bûche en bois densifié (Smartlog, Bûche énergie, etc.). Ces bûches «écologiques» sont moulées sous pression sans l’ajout d’additifs. La lignine contenue dans le bran de scie sert de liant naturel. Ces dernières peuvent être brûlées dans un foyer fermé (et ouvert) même si elles dégagent une chaleur supérieure au bois.

Copropriétaire du Groupe PEBG de Québec et manufacturier de Bûche énergie, Patrice Bergeron insiste sur le caractère naturel de son produit, fabriqué avec des résidus de plancher de bois franc qui n’ont pas été traités. S’il considère aléatoire de déterminer le temps de brûlage (selon le poêle et son installation ainsi que les habitudes de consommation), il n’est pas faux de dire qu’une bûche de trois livres prend une heure à une heure et demie à se consumer (en raison de son taux d’humidité entre 6 et 7 %) et qu’elle dégage 30 % plus de chaleur qu’une bûche conventionnelle.

Si le consommateur chauffe exclusivement au bois (seulement 19 % sur les 33 % d’utilisateurs de chauffage au bois), précise M. Bergeron, la mixité sera privilégiée. Pour le chauffage d’appoint, plusieurs s’en tiendront uniquement à la bûche en bois densifié. L’emballage de Bûche énergie se détaille à 5,75 $ la boîte de 10 unités. Si vous tenez absolument à établir un comparatif approximatif en termes de volume, vous multipliez par 12 boîtes et vous obtenez l’équivalent d’une corde de bois. Inutile toutefois d’essayer de comparer avec la durée de vie d’une corde de bois conventionnelle pour les raisons citées plus haut par M. Bélanger. Signe des temps, l’inflation touche aussi la matière première de ces bûches «alternatives», puisque le prix de la sciure a doublé.

Source:Stéphanie Bois-Houde
Le Soleil