Le marché immobilier s’est retrouvé au cœur de la tempête qui a secoué les marchés durant les derniers mois. Il ne retrouvera toutefois pas son équilibre et sa prospérité avant que l’offre, la demande et les stocks de maisons invendues n’aient retrouvés une certaine harmonie.

Le nœud du problème se retrouve principalement du côté des stocks de maisons invendues qui ont grimpé à des niveaux effrayants depuis le déclenchement de la crise. Selon les derniers chiffres, on pourrait avoir à attendre jusqu’à 11 mois avant de finir d’écouler les stocks détenus actuellement.

Pire, puisque l’offre (à travers les mises en chantier) a tardé à s’adapter aux nouvelles conditions et parce que les banques se sont soudainement retrouvées avec des milliers de reprises de finance sur les bras, les prix des maisons ont dégringolé.

« Nous ne sommes pas sortis du bois parce qu’il y a beaucoup de maisons à vendre aux États-Unis, souligne Yanick Desnoyers, économiste à la Banque Nationale. Il y a eu tellement de maisons à vendre sur le marché que les prix ont chuté de près de 16% ou 17% depuis 12 mois. »

« C’est vraiment le nerf de la guerre, quand les stocks et les mises en chantier vont se stabiliser le reste va rentrer dans l’ordre doucement, indique Carlos Leitao, stratège et économiste en chef à la Banque Laurentienne. Mais d’ici là, le marché est toujours en descente. On doit surveiller l’inventaire qui est toujours à des niveaux très élevés. »

Les constructeurs commencent à agir

L’espoir demeure, la preuve étant que les constructeurs de maisons se sont finalement ajustés et ont commencé à couper le nombre de mises en chantiers afin de limiter leurs propres pertes. L’ajustement prendra toutefois du temps.

« Les ventes doivent remonter et les stocks diminuer avant que les mises en chantier puissent reprendre, rappelle Yanick Desnoyers. Il faut nettoyer inventaire et faire attention puisque si on va trop vite et qu’on remonte les mises en chantiers, on verra de nouveau des pressions à la baisse sur les prix. »

« Le marché n’est pas en équilibre présentement, d’ici la fin 2009 on ne sera pas totalement en équilibre, mais on va s’être rapproché du but », ajoute-t-il.

Même son de cloche à la Banque Laurentienne où Carlos Leitao est également un partisan de la patience et de la prudence.

« L’offre se rétablit peu à peu, les mises en chantier sont à la baisse, mais il y a tellement de reprises de finance et l’offre est encore trop élevée, indique-t-il. Nous avons peur que les reprises n’aient pas déjà atteint leur sommet, ce qui devrait plutôt se faire vers la fin 2008 ou le début 2009. L’équilibre devrait revenir d’ici un an, peut-être à l’été 2009. »

« La correction du marché de l’habitation semble moins sévère, mais les difficultés ne sont pas finies pour autant, prévient Francis Généreux, économiste senior chez Desjardins. Le déséquilibre reste en place et la réduction des prix est toujours de mise. »