La question de l’heure, si notre hypothèque arrive bientôt à échéance: doit-on se contenter de miser strictement sur le court terme, avec l’hypothèque ouverte 1 an ou l’hypothèque à taux variable?

En raison des menaces de récession qui planent au-dessus des États-Unis, la grande majorité des analystes croient que les taux d’intérêt vont baisser davantage d’ici la fin de l’année. Du coup, ils laissent entendre que les taux hypothécaires vont reculer encore au fil des prochains mois.

Il ne faut pas prendre ces prévisions de taux d’intérêt pour du « cash » lorsqu’on a à renouveler son hypothèque. Pourquoi? Parce qu’à l’instar des prévisions boursières, les prévisions économiques font partie d’une science influencée par un trop grand nombre de variables et d’indicateurs économiques: les ventes au détail, l’inflation, les ventes de maisons, l’endettement des gens et des entreprises, la croissance du PIB, les salaires, le commerce international, le taux de chômage, les profits d’entreprise, le marché boursier, le marché des obligations, etc.

Ce nombre élevé d’indicateurs vient compliquer la tâche des analystes. Ils doivent travailler avec trop d’inconnues pour effectuer leurs prévisions de taux.

À preuve, nommez-moi un analyste ou un économiste qui avait prédit il y a à peine quelques mois que la Réserve fédérale américaine (Fed) allait baisser son taux directeur si agressivement, voire 125 points de base en l’espace d’une dizaine de jours d’intervalle?

Qui a prédit que le taux directeur de la Fed allait chuter en un an de 225 points de base, passant de 5,25% à seulement 3,0%? Personne!

Si personne n’a été capable de prévoir cette si forte et rapide chute du taux directeur de la Fed, comment les mêmes analystes et économistes peuvent-ils aujourd’hui affirmer sérieusement que les taux vont encore baisser sensiblement d’ici les 12 prochains mois?

Ce n’est pas du sarcasme. Pourquoi leurs prévisions à la baisse seraient-elles aujourd’hui plus crédibles qu’il y a trois ou six mois?

Des économistes de grandes institutions bancaires prévoient que le taux directeur de la Banque du Canada chutera d’ici la fin de l’année d’un point de pourcentage (100 points de base) à seulement 3,00%.

Une question plate de journaliste: si leurs économistes sont si convaincus de leurs prévisions à la baisse de taux d’intérêt… pourquoi les banques laissent-elles leurs taux hypothécaires à des niveaux si élevés (autour 7,40%) pour les termes de 2 à 5 ans?

Laissons de côté les contradictions et passons maintenant aux choses importantes.

Et à vrai dire, quoi de plus important en matière de finances personnelles que de régler le sort de son hypothèque. Pour la grande majorité des propriétaires, c’est l’une des plus importantes dépenses annuelles. Conséquemment, plus les finances de la famille sont « serrées », moins il faut spéculer avec le terme du renouvellement de son hypothèque. Je ne conseille donc pas l’hypothèque ouverte (le taux peut renfermer une prime de 2 points de pourcentage) ou l’hypothèque à taux variable (dont le pourcentage suit le taux préférentiel, lequel fluctue au rythme du taux directeur de la Banque du Canada).

Des chiffres révélateurs: sur une tranche d’hypothèque de 100 000$, amortie sur 25 ans, 1% d’intérêt (en plus ou en moins) équivaut à un écart d’environ 60$ par mois de versement hypothécaire, soit 720$ par année. Si l’hypothèque est de 200 000$, on parle donc d’un écart de 120$ par versement mensuel, ou 2400$ pour l’ensemble de l’année.

Avec l’hypothèque d’une propriété que l’on entend conserver, j’ai plutôt tendance à recommander la stabilité à long terme dans les versements mensuels, tel le terme de cinq ans. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, l’hypothèque de cinq ans ne coûte pas plus cher en taux d’intérêt que l’hypothèque d’un an.

Le taux courant des prêts hypothécaires ayant des termes de 1 à 5 ans fluctue présentement entre 7,30% et 7,40%.

Sachez qu’il est possible de négocier un important rabais sur ce taux courant qu’affichent les banques et les caisses. Le rabais peut jouer entre 1,50 et 1,80 point de pourcentage. Cela vous ramène une hypothèque d’un an à 5,50% et celle de cinq ans à 5,89%. Intéressant, n’est-ce pas!

Pour ce faire, il suffit de communiquer avec un courtier hypothécaire, lequel a accès aux mêmes grandes institutions financières. La différence? Le courtier détient un gros pouvoir de négociation! Est-ce dangereux de faire affaires avec un courtier hypothécaire? Non! puisque c’est vous qui empruntez l’argent… C’est la banque qui coure le risque et non vous.

Petit tuyau de circonstance. Pour ne pas perdre un bon client, les banques et les caisses acceptent habituellement de concurrencer l’offre des courtiers hypothécaires.

Auteur : Girard, Michel
Source : La Presse, 6 février 2008
Numéro de document : news•20080206•LA•0088