Quoi de plus désagréable qu’une infiltration d’eau dans la maison? Des propriétaires s’arrachent les cheveux à force de chercher à mettre le doigt sur le bobo.

Parlez-en à Richard Gervais, vice-président aux affaires administratives de l’Ordre des technologues professionnels. Son message: ne jamais négliger les infiltrations d’eau dans une demeure, quelle qu’en soit l’importance. « Il vaut mieux régler le problème immédiatement, même s’il vous faut investir 3000 $, 5000 $, 10 000 $ ou plus dans certains cas. J’ai déjà effectué l’expertise d’une maison de 850 000 $ et dont le coût pour éliminer les infiltrations d’eau s’est élevé à 60 000 $ », précise M. Gervais.

Première observation: si votre toiture est couverte de glace à la fonte des neiges, c’est que votre habitation est mal aérée et a de sérieuses pertes thermiques. D’où l’accumulation de glace sur les bords de la toiture, qui peut atteindre parfois jusqu’à un mètre. Cette glace, chauffée par le soleil du printemps, retroussera les bardeaux d’asphalte de la toiture et l’eau s’infiltrera dans votre habitation, surtout s’il n’y a pas de membrane sous les bardeaux.

« Même si votre toiture est récente, vous ne pourrez pas éviter l’infiltration d’eau, explique M. Gervais. Il se peut qu’il n’y ait pas de glace sur la toiture et que les infiltrations d’eau persistent d’un printemps à l’autre. Dans ce cas, c’est parce que votre demeure souffre d’un manque de ventilation. Quand viennent les temps froids, il y a condensation entre le plafond et la toiture. Cette condensation glace tout l’hiver et, lorsque la chaleur printanière nous revient, la glace emprisonnée entre votre plafond et votre toiture se transforme en eau et s’infiltre à travers le plafond », soutient M. Gervais.

Toit cathédrale

Dans les années 40-50, la mode était aux toits mansardes, ces combles brisés à quatre pans qui permettaient souvent de reconnaître les habitations que le gouvernement fédéral léguait aux soldats de la Défense nationale. Ce type de maisons, selon M. Gervais, étaient et demeurent très vulnérables aux infiltrations d’eau en raison d’un manque de ventilation. « Généralement, dit-il, je conseille aux gens d’installer une membrane à la grandeur de la couverture et de refaire la toiture en bardeaux d’asphalte. Mieux encore, pour résoudre le problème pour de bon, je suggère de poser un revêtement métallique sur la couverture. »

À partir de 1975, on s’est mis à construire des maisons avec poutrelles et toit cathédrale. « Le hic là-dedans, dit M. Gervais, c’est qu’on laissait seulement deux pouces de ventilation sous la toiture, ce qui est nettement insuffisant. Depuis les années 90, on permet une ventilation d’environ 10 pouces, mesure qui évite les infiltrations d’eau puisque la maison est ainsi beaucoup plus aérée. » Une habitation qu’on isole trop peut comporter la même problématique.

La maison doit respirer, comme un être humain. Il est essentiel que l’air circule du plancher au plafond et surtout à l’intérieur des murs. Il est conseillé d’incorporer des persiennes sur les corniches de la maison et de fixer des ventilateurs sur la toiture afin de permettre à l’habitation d’aller chercher l’air dont elle a besoin pour passer un hiver en tout confort. Au printemps, le retour vers la chaleur se fera en douceur, sans infiltrations d’eau.

M. Gervais signale que même l’été, la maison requiert un minimum d’aération, de ventilation, faute de quoi les bardeaux d’asphalte vieilliront deux fois plus vite que normalement, puisque les rayons du soleil les surchaufferont.

Champignons et moisissures

Dans les habitations construites il y a 50 ou 60 ans, particulièrement nombreuses sur le Plateau Mont-Royal, beaucoup n’ont qu’un vide sanitaire ou un sous-sol de terre battue. Pour remédier à tout problème de champignons et de moisissure, il est préférable de munir la maison d’un coupe-vapeur et d’un échangeur d’air. «Chaque époque de construction, estime M. Gervais, comporte son risque de formation fongique. Elles émergent autant dans une maison de 1910, qui a un vide sanitaire en terre, que dans les constructions mal isolées des années 40 et 50. Dans une vieille demeure, un entretoit mal ventilé entraîne de la condensation et favorise le développement de champignons.»

«J’aimerais bien avoir une baguette magique pour enrayer d’un seul coup tous les problèmes d’infiltration d’eau. Chaque habitation confesse ses propres lacunes. C’est du cas par cas.»