Tous les enfants n’ont pas la même chance qu’Andy, le petit garçon de Histoire de jouet I, qui déménage avec plaisir tant son petit voisin Sid est une peste! Dans la vraie vie, déménager peut être un véritable drame pour les petites personnes. Si on sait y faire, ce peut également devenir une véritable aventure… vécue d’ailleurs par bien des enfants.

En effet, on estimait, en 1991, que 32% des enfants de 10-11 ans avaient déjà déménagé trois fois ou plus! Dix ans plus tard, les déménagements sont encore plus fréquents, et les outils pour bien les vivre, encore plus nombreux.

L’outil numéro 1, c’est bien sûr d’en parler. Il faut informer les enfants le plus tôt possible du futur déménagement et des raisons qui le motivent. Après tout, c’est nous, parents, qui décidons de partir, pas l’enfant. Autant prendre le temps de bien lui expliquer le pourquoi de la chose, le préparer à la peine de laisser derrière lui des amis et son environnement familier, lui démontrer les avantages du nouvel emplacement et… même lui demander son aide pour le déménagement s’il est assez âgé.

Les livres d’histoire sont toujours utiles dans ces occasions. Ainsi pour les deux à sept ans, on se procurera Martine va déménager (éditions Casterman) ou Oscar déménage (éditions Calligram, avec en outre une section conseils à la fin du volume). Pour les 5 à 9 ans, les excellents Dominique de Saint-Mars et Serge Bloch (à qui on doit la fameuse série « Max et Lili » proposent Émilie a déménagé (éditions Calligram). Pour les plus âgés, Le Royaume de Bruno de Sylvain Trudel (collection Premier roman, éditions Courte Echelle) se pense sur la peine d’un jeune garçon à l’idée de quitter sa ruelle et ses amis de toujours.

De nombreux autres ouvrages sur le sujet sont offerts, et on consultera, sur Internet, les sites amazon.fr (avec le mot clé « déménagement ») et renaud-bray.com pour d’autres suggestions.

Mais ce n’est pas tout de lire. Encore faut-il vivre. En général, les plus petits seront beaucoup plus bouleversés par le stress de leurs parents que par le déménagement lui-même, surtout s’ils sentent qu’un des parents déménage à contre-cœur. Si c’est le cas, autant le dire clairement à l’enfant, quitte à en profiter pour s’habituer soi-même à l’idée.

Et pourquoi ne pas saisir cette occasion pour faire avec les enfants un album-souvenir de l’ancienne demeure, avec des photos, des dessins, des anecdotes, etc.? Ensuite, on les familiarisera d’avance avec leur nouvel environnement en allant visiter les lieux, en regardant des photos ou des cartes du coin. Pour calmer la peur d’être « perdu » ressentie par certains petits enfants, on suggère également de demander aux membres de la famille d’envoyer une lettre à la nouvelle adresse une semaine avant l’emménagement : de cette façon, à son arrivée, le petit aura l’assurance que grand-papa et grand-maman savent où il est puisqu’ils lui ont écrit! Enfin, une fois déménagé, on prendra soin de disposer à peu près de la même manière les meubles de la chambre de l’enfant ou de peindre les murs de la même couleur que dans l’ancienne demeure.

Quand les enfants sont plus âgés, à partir de cinq ou six ans, on suggère au contraire de leur demander leur avis pour la décoration de leur nouvelle chambre : c’est une occasion en or pour quitter « la vieille chambre de bébé » et accéder officiellement au titre de « grande fille » ou « grand garçon »! Ce qui n’empêchera pas le même enfant de régresser un peu au cours de cette période : en effet, les enfants qui sont à la maternelle ou en première année sont plus vulnérables au changement, car ils sont déjà en plein processus d’adaptation à de nouvelles figures d’autorité et de constitution d’un cercle social bien à eux. Déménager en plus, cela fait bien des changements pour une seule petite personne, surtout si l’enfant est timide et réussit plus ou moins à l’école. Soyez attentif et consultez un spécialiste si votre enfant fait de l’insomnie, perd l’appétit, s’isole, est constamment irritable, etc.

En général, plus l’enfant est âgé, plus le déménagement lui est difficile à vivre. Il faut donc, d’une part, l’aider à se faire de nouveaux amis en l’accompagnant au terrain de jeux, à la bibliothèque, à la piscine, dans la ruelle, etc., et l’aider d’autre part à entretenir des contacts avec ses anciens amis. Pour cela, encouragez les coups de téléphone, l’envoi de lettres et de courriels, ainsi que les visites. Pour ma part, j’ai entretenu une correspondance suivie pendant plus de vingt ans avec mon amie Claudine, que j’avais fréquentée de l’âge de six à huit ans!

Le jour ou la veille du déménagement, demandez aux enfants de trois et plus de faire « leur dernière boîte » dans laquelle ils placeront les objets qui leur sont chers ainsi que tout ce qu’il faut pour passer la première nuit dans la nouvelle maison. Laissez-les vous aider le jour du déménagement. C’est un peu plus compliqué, mais cela devient ainsi une aventure commune et une excellente source de souvenir! Enfin, rappelez aux enfants que changer est une des réalisations les plus enrichissantes de la vie, que le déménagement leur donne l’occasion d’apprendre à s’adapter à de nouvelles conditions et que cet apprentissage leur sera utile toute leur vie, qu’ils peuvent même en profiter pour repartir sur de nouvelles bases s’ils le désirent. Je le sais : j’ai déménagé au moins 10 fois avant mes 18 ans et j’en remercie encore tous les jours mes parents!